
À Mazeyrolles, flotte le parfum de triomphe d’un David qui était à la lutte avec Goliath, et depuis longtemps. Dans le bulletin communal, alerte Forces Périgord (*), le maire Régis Loez fait en effet savoir comment le développeur RWE Renouvelables France (ex Nordex), qui entendait implanter des éoliennes sur les terres de la commune, a jeté l’éponge. C’est que RWE… se charge lui-même d’expliquer pourquoi il renonce dans un courrier adressé à la Ville, en mai dernier. Si le premier magistrat savoure cet abandon, il pointe les motifs « peu crédibles, voire farfelus » invoqués dans cette lettre. Avant de revenir sur les méthodes choisies pour tenter d’aboutir… et ce n’est pas joli-joli.
« Les raisons évoquées (par le promoteur) nous paraissent peu crédibles, voire farfelues ». Si le maire de Mazeyrolles retient que RWE (ex Nordex) renonce à son projet éolien sur la commune, il a tenu à diffuser aux administrés l’intégralité de son courrier recommandé avec accusé de réception, atterri en mairie le 14 mai. C’est qu’à ses yeux, il vaut son pesant de cacahuètes. Les motifs avancés « arrivent comme un cheveu sur la soupe », écrit Régis Loez -en résumé, « une contrainte liée aux espaces aériens » aurait surgi.
Alors, oui, c’est une sacrée bonne nouvelle pour l’équipe municipale, qui s’est opposée pied à pied à la perspective de voir des éoliennes miter son territoire. Toutefois, Régis Loez sait que, parmi les habitants, il y aura des déçus -moyen de leur signifier que la victoire décrochée n’est pas sur eux. En effet, tient-il à rappeler, un promoteur peut envisager pareil projet « à l’insu » de la commune sur laquelle il l’a prévu, « à l’insu » de son exécutif par la même occasion, et tant pis s’il sème la division parmi la population -à Mazeyrolles, des personnes particulières avaient signé des conventions avec RWE Renouvelables France (ex Nordex). Le maire soupçonne d’ailleurs la profession d’avoir parfaite connaissance du potentiel clivant des projets éoliens, dont elle userait pour concrétiser ses entreprises, sans pour autant révéler leurs tenants et aboutissants, quoi qu’elle prétende « communiquer » tant et plus.
« Oui, le conseil municipal avait donné son feu vert… mais à une étude de préfaisabilité, rien de plus »
Ainsi, poursuit l’élu, laisser accroire qu’en prenant parti sur la réalisation d’un projet éolien revient à se ranger parmi les pour ou parmi les anti transition écologique est aller bien vite en besogne. Qu’on se souvienne plutôt comment « les conseils municipaux successifs » de Mazeyrolles, et les habitants ont été prétendument « informés ». Alors, oui, il y a eu un conseil municipal pour donner son feu vert à RWE (ex Nordex)… mais son feu vert à quoi ? À « une étude de préfaisabilité », autrement dit, rien qui n’engage définitivement la commune : l’exécutif gardait la possibilité de dire non à ce projet éolien. Sauf que, poursuit Régis Loez, « c’est ainsi que les choses furent présentées ». La délibération du 23 mai 2019, qui délivrait plusieurs des autorisations dont le promoteur avait besoin allait ainsi peser lourd dans la suite des évènements. Reste que « nombre de signataires de conventions » se sont sentis autant floués que le précédent conseil municipal, et désireux de revenir sur leurs signatures, poursuit Régis Loez.
« Après consultation informelle, la commune a réalisé que si le projet éolien demeurait un sujet très brûlant, il rencontrait une forte opposition et produirait des dommages en tous genres »
Au promoteur RWE (ex Nordex), une délibération du conseil municipal a, le 23 mars 2021, répondu explicitement non, refermant la porte ouverte par un autre (sous le précédent mandat) le 23 mai 2019, après, à l’instar de ces habitants signataires de conventions, avoir été « trompé ». Rappelant alors qu’au regard du caractère « clivant » du projet dans les cartons du porteur de projet, l’exécutif local avait pris soin de consulter lui-même, « de manière informelle », les administrés, les communes voisines et la communauté de communes Domme-Villefranche-du-Périgord, exercice que la crise sanitaire avait naturellement été loin de faciliter. En tout état de cause, avance Régis Loez, si le sujet s’était avéré demeurer « très brûlant », les élus avaient aussi constaté, Un, qu’il rencontrait « une forte opposition », Deux, que la perspective d’implanter « des éoliennes de 230 mètres de hauteur (en bout de pale) » aurait un impact fort dommageable sur les relations entre les gens, sur l’environnement de la biodiversité à la forêt -en passant par les espèces floristiques et faunistiques- et sur le patrimoine.
« Les éoliennes envisagées mesuraient 150 mètres en bout de pale… avant de passer à 230 mètres »
Régis Loez rafraîchit alors les mémoires, relevant notamment qu’après avoir voulu vendre un projet qui prévoyait, en 2019, l’implantation d’éoliennes de 150 mètres de hauteur en bout de pale, le promoteur avait changé d’idée, en envisageant, en 2021, des grandes hélices… de 230 mètres de hauteur en bout de pale -espérant une meilleure rentabilité. Mais c’est le forcing dont celui-ci aurait fait preuve que Régis Loez dénonce avant tout.
Au revoir et merci pour tout
L’équipe municipale ne prétendra pas que la « seule » délibération du 23 mars 2021 a abouti à l’abandon du projet éolien, écrit encore le premier magistrat de Mazeyrolles. Reste qu’elle devrait y avoir bien contribué. Dans son courrier, le porteur de projet RWE Renouvelables France (ex Nordex) laisse au demeurant à l’équipe municipale la charge de prévenir ceux avec lesquels il avait contracté… De quoi donner le sentiment d’une insoutenable légèreté : au revoir et merci pour tout.
(*) Sur place, l’association Don Quichotte Mazeyrolles a mené la fronde contre ce projet éolien. Elle appartient au collectif Forces Périgord.