
Le préfet de la Haute-Vienne Seymour Morsy devait, ce 22 juin 2021, rendre son avis sur le projet de parc éolien de Saint-Mathieu dans le parc régional naturel Périgord Limousin qui concerne 11 communes, dont deux en Dordogne. Finalement, sa décision est repoussée. Le représentant de l’État a en effet fait savoir qu’un délai supplémentaire de 4 mois, à compter de ce jour, était nécessaire pour étudier le rapport de l’enquête publique effectuée du 05 janvier au 07 février 2021. En cause : la liste d’insuffisances qui ont été pointées dans cet épais document, qui nécessite encore du temps pour savoir de quoi il retourne et, qui sait, de quoi il pourrait retourner à l’avenir. Sans compter, peut-être, que la campagne des régionales 2021 et des départementales 2021 aurait pu faire caisse de résonance.
L’avis du préfet de la Haute-Vienne Saymour Morsy était attendu ce 22 juin… et il lui a finalement paru urgent de prendre son temps. Dans un arrêté du 18 juin, le représentant de l’État a en effet fait savoir qu’il se donnait 4 mois supplémentaires pour déterminer sa position sur le projet éolien porté par la SAS Parc éolien des Monts de Châlus, qui veut implanter 4 grandes hélices pouvant aller jusqu’à 180 mètres en bout de pale dans le parc régional naturel Périgord Limousin. Leur exploitation doit être confiée au développeur WKN. Les communes concernées par ce projet sont, en Haute-Vienne, Cheronnac, Cussac, La Chapelle-Montbrandeix, Maisonnais-sur-Tardoire, Marval, Oradour-sur-Vayres ; et, en Dordogne, Champniers-et-Reilhac, Saint-Barthélémy-de-Bussière.
Le préfet Saymour Morsy a entre ses mains le rapport de l’enquête publique, qui s’est déroulée en début d’année 2021, un mois durant environ. Or, selon que c’est la kyrielle d’insuffisances relevées par le rapport ou bien sa seule conclusion qui le convaincra, le représentant de l’État pourra se prononcer en défaveur du projet ou bien, au contraire, en sa faveur. En effet, dans cet épais document, la commission d’enquête publique énumère une longue liste de motifs à beaucoup hésiter… pour en déduire sur le fil qu’elle rend un avis favorable.
Cette discordance avait été évoquée ICI
Régionales 2021 et départementales 2021, caisse de résonance potentielle ?
Cette distorsion était-elle susceptible d’être soumise à l’appréciation de la justice administrative ? Il était en tout cas à parier que le grand écart entre l’analyse et la conclusion de ce rapport puisse motiver les associations qui s’opposent à voir des éoliennes miter les terres du PNR Périgord Limousin. Sauf à ce que le préfet de la Haute-Vienne s’étonne à son tour de voir la démonstration des commissaires enquêteurs, sous l’effet d’un triple salto arrière, sous-entendre qu’elle voulait rire avec ses moments d’hésitation, parfois au bord du blocage. Faut-il aujourd’hui comprendre ce délai de réflexion supplémentaire comme une marque de surprise du préfet Saymour Morsy ? En tout état de cause, la campagne des régionales 2021 et des départementales 2021 aurait pu faire caisse de résonance à un avis rendu en pleine préparation du second tour du scrutin, qui se tient dimanche prochain 27 juin.
Un territoire qui aimante les promoteurs éoliens
Pour rappel aussi, les commissaires enquêteurs avaient signalé qu’ils avaient appris en direct que d’autres projets éoliens étaient en préparation autour de la commune de Saint-Mathieu. À proximité de celui qui faisait l’objet de leur analyse : celui du parc des Étourneaux, porté par le promoteur Valeco, mais encore deux autres, au Nord de Saint-Mathieu, sur les communes de Videix et de Cheronnac.
Il est urgent de prendre du temps pour réfléchir
« Les nombreux éléments apportés par la commission d’enquête imposent à l’inspection des installations classées une étude nécessitant un délai supplémentaire », indique l’arrêté du préfet de la Haute-Vienne du 18 juin 2021. Aussi, celui-ci entend prolonge-t-il la « phase décision d’une demande d’autorisation environnementale » afin d’ « achever l’instruction du dossier présenté par la SAS Parc éolien des Monts de Châlus ». Il semble donc que, pour l’heure, le préfet Saymour Morsy juge utile de regarder le fameux rapport de l’enquête publique de plus près.
Même différé, l’avis du représentant de l’État reste très attendu.
Relations entre opposants à l’éolien et préfets : pas de scénario écrit
Si, pure hypothèse, celui-ci donnait son feu vert au projet éolien de Saint-Mathieu, il n’est pas exclu que SEPANSO 24 et/ou Le Vent Juste saisissent dans la foulée le tribunal administratif de Limoges pour contester cet étrange rapport. Les opposants se retrouveraient alors à batailler contre le représentant de l’État. Il ne faudrait pas non plus en déduire que ce scénario, purement hypothétique donc, est un classique. En effet, il varie, d’un projet à l’autre. Ainsi, en Dordogne, le préfet Frédéric Perissat s’est opposé aux ambitions du promoteur Abo Wind, dans le cas du projet de parc éolien de la Queue d’Âne. En réponse, Abo Wind a saisi la cour administrative d’appel de Bordeaux, en espérant que les magistrats annulent l’arrêté du préfet qui égale l’anéantissement de son projet. Or, deux associations d’opposants -la SEPANSO 24 et VIAPL (pour Vivre informer & agir pour le Périgord Limousin) – ont, ensemble, engagé une procédure… en appui de Frédéric Perissat.
Une volonté purement « technocratique d’en haut ». Ces zones sont très peu sujette aux vents. L’état a dit qu’il en faut…..alors on en met partout, quitte à dénaturer l’environnement et l’équilibre de vie. Voilà un système politique à bout de souffle . C’est peu dire de la gestion du territoire en général !