
Le député de la 3e circonscription de la Dordogne Jean-Pierre Cubertafon a diffusé, hier mardi 25 mai 2021, un communiqué invitant à « renouer le dialogue » dans la forêt de la Double. Il acte que le projet éolien des Grands Clos génère de « vifs débats depuis 2013 » … avant d’en imputer la cause à un évènement beaucoup plus récent : l’autorisation de défrichement délivrée par le préfet de la Dordogne Frédéric Perissat. C’est alors que le parlementaire peut donner le sentiment d’entamer un exercice d’équilibriste, tenté de dire les choses, mais semble-t-il également bridé en le faisant -il appartient à la majorité présidentielle. Il suggère qu’en donnant l’ultime feu vert dont le promoteur avait besoin pour réaliser son projet, le représentant de l’État a bien enjambé l’avis ultra-majoritaire de la population, farouchement opposée à l’implantation de 5 aérogénérateurs dans la forêt de la Double. Au plus mauvais moment, de surcroît -la démocratie n’est pas au mieux de sa forme. D’où le souhait de Jean-Pierre Cubertafon de mettre sur pied « une instance de concertation » réunissant les différentes parties, afin de… « réfléchir ». Mais… à quoi ? Pour rappel, 165 associations écologistes de Nouvelle-Aquitaine qui s’opposent au développement de l’éolien dans la région avaient demandé aux candidats aux régionales 2021 de « se positionner clairement » sur le sujet.
Le député de la 3e circonscription de la Dordogne Jean-Pierre Cubertafon a manifestement souhaité apporter une réponse aux opposants à l’implantation de 5 éoliennes dans la forêt de la Double. C’est que, quoi que la population ait dit massivement « non » au projet de défrichement aux fins de réalisation et d’exploitation du projet éolien des Grands Clos, le préfet Frédéric Perissat… a dit oui, par arrêté du 20 avril 2021. À ce jour, la population peut donc être amenée à comprendre qu’il était inutile de la consulter. Total : dans les secteurs de Saint-Aulaye-Pymangou et de Parcoul-Chenaud, la crispation est maximum. D’ailleurs, sans surprise, la première de ces communes, puis l’intercommunalité du Pays de Saint-Aulaye à laquelle elle appartient ont indiqué vouloir déposer un recours auprès du tribunal administratif de Bordeaux. Dans un communiqué rédigé à mots feutrés, diffusé hier mardi 25 mai, le parlementaire convient que ce passage en force (ce ne sont donc pas ses termes) est du plus mauvais effet au moment où « le projet de loi Climat et résilience réaffirme le rôle cardinal joué par la concertation dans notre démocratie ». Qui plus est par les temps qui courent, qui voient cette dernièrei « fragilisée ». Le parlementaire en déduit alors qu’il faut… « réfléchir ». Mais à quoi ? Et d’espérer qu’un « dialogue fructueux » puisse s’engager entre les différentes parties. Mais pour quoi faire ? C’est là que Jean-Pierre Cubertafon pousse l’art de la composition le plus loin. « Pour nous permettre de protéger efficacement la forêt de la Double tout en menant une réflexion commune sur l’évolution de la place de l’éolien sur nos territoires ».
Une instance pour « se concerter »… sachant que la population a déjà dit non massivement
Avant de convoquer le ministre de l’Environnement Barbara Pompili, dont le député du Nontronnais rappelle qu’il a indiqué entendre « améliorer la planification en concertation avec l’ensemble des acteurs locaux ». En effet, le parlementaire y voit la justification toute trouvée à mettre en application cette intention. « Le projet de la Double est une opportunité unique de passer des mots aux actes ». Cette transition, il propose qu’elle se traduise en mettant sur pied « une véritable concertation ». De fait, il s’agirait de passer des mots… aux mots. Toutefois ces mots-là devraient « permett(re) de mettre en œuvre des projets en adéquation avec le potentiel énergétique de chaque territoire et compren(dre) une vision de long terme ainsi que des objectifs chiffrés ». D’où « le souhait » de Jean-Pierre Cubertafon de créer la fameuse « instance de concertation ». Sauf que la vocation d’une consultation publique est déjà de recueillir les avis de la population… et la question qui se pose est que l’autorité compétente à en tirer des conclusions… peut s’exonérer de ceux-ci, et c’est ce qu’il s’est passé pour le projet des Grands Clos. De quoi trouver, qui sait, matière à se demander comment une « concertation » pourrait prévoir la prise en compte des « non aux éoliennes dans la Double », ultra majoritaires.
LIRE AUSSI : Projet éolien de Saint-Mathieu en Périgord Limousin : comment une kyrielle de motifs à dire non permet de conclure que… c’est oui
Le député avait déjà acte la difficulté d’aller contre la volonté des habitants
Pour rappel, le député de la 3e circonscription de la Dordogne avait été des représentants politiques à avoir osé donner son point de vue sur l’éolien. En se gardant d’être trop direct, certes, mais il convenait tout de même que, si les habitants n’en voulaient pas -et c’est le cas de leur grande majorité en Dordogne et spécialement dans la Double- l’affaire était inévitablement difficile à engager : « Je ne souhaite pas être dans une position d’opposition absolue à l’énergie éolienne. Je souhaite seulement que l’implantation des éoliennes soit le fruit d’une décision bien réfléchie et démocratiquement choisie. Si ces conditions ne sont pas réunies, nous ne pouvons déboucher que sur des situations de tension, nombreuses sur le territoire aujourd’hui ».
Le #enmemetemps cher à LREM permet-il un positionnement clair ?
Jean-Pierre Cubertafon attend encore autre chose de l’ « instance de concertation » dont il appelle la création de ses vœux : qu’elle « propose la mise en place d’un véritable schéma de planification du développement de l’éolien en Aquitaine ». Le SRADDET a précisément fait l’objet d’un recours des associations d’opposants, en juin 2020. Le tribunal administratif a rejeté le débat au fond fin avril dernier. À la veille des régionales 2021, le député MoDem du Nontronnais, qui est en 3e position sur la liste de la majorité présidentielle emmenée par Jérôme Peyrat en Dordogne, a donc finalement répondu à l’interpellation des 165 associations opposées au développement de l’éolien en Nouvelle-Aquitaine. À savoir si celles-ci estimeront qu’il l’a fait « clairement » ou si son application à respecter le #enmemetemps macroniste brouille son positionnement.
Déforester c’est détruire des puits de carbone ! Donc, qu’il s’agisse d’installer des éoliennes ou des parcs solaires, le faire en forêt est un non sens. D’autant que les éoliennes demandent d’immense quantités de béton pour leur socle. Encore un pas vers l’artificialisation des sols !
La Double n’a pas besoin d’une nouvelle menace, tandis qu’elle doit déjà résoudre ses problèmes d’enrésinement au détriment des forêts naturelles et de la biodiversité…
B.Bousquet
Il reste très curieux de voir que nos hommes politiques se réveillent maintenant sur des sujets extrêmement sensibles! On ne peut pas dire que durant toutes ces années de représentation des électeurs, ils soient « montés aux créneaux »avec le peuple qui les avait élus .
Le phénomène des éolienne reste une bizarrerie internationale. On a décidé en haut lieu qu’il fallait noyer la France avec des éoliennes, peu importe où. C’est là que le bas laisse. Quand on aura compris que la nécessité n’est pas de planter ces engins partout, même quand il n’y a pas de vent- ce qui est le cas en dordogne – il sera trop tard et le pays si convoité pour son histoire et son environnement sera ….. en friche. Nous avons également une excellente image de la concertation où l’enquête publique montre combien elle est respectée . Il y a de quoi se poser beaucoup de question sur notre démocratie républicaine.