
À Ribérac, chacun de son côté, les deux groupes d’opposition à la majorité municipale s’accordent sur un constat : la démocratie et l’équipe du maire Nicolas Platon, ça fait deux. A la faveur de la démission récente d’un de ses élus, le groupe Continuons ensemble pour Ribérac a vu ses représentations au sein d’instances de gouvernance toutes revenir à l’équipe de la majorité en place. Sans compter qu’un post Facebook critiquant la candidature du premier magistrat aux régionales 2021 a valu des remontrances à son porte-parole Christophe Gontier. Pour sa part, le groupe Agir pour Ribérac a mis le jeu perso de l’équipe de Nicolas Platon au cœur du compte-rendu de cette assemblée municipale du 12 mai 2021, publié également sur sa page Facebook.
Sidérés, les deux groupes Continuons ensemble pour Ribérac et Agir pour Ribérac ont été sidérés en assistant à la fin de la représentation du premier à « différents comités et instances » de gouvernance, à l’exemple du conseil d’administration du collège ou bien de l’aérodrome. En effet, le conseil municipal du 12 mai a acté qu’un élu de la majorité municipale siégerait à la place de l’élue de Continuons ensemble pour Ribérac Delphine Sallabery, qui a démissionné le mois dernier (post Facebook ICI). Sans frémir, l’équipe aux affaires a ainsi assumé le choix de se passer d’une voix éventuellement discordante, qui sait. « C’est encore une question récurrente, ça sera dans ces jours-ci », c’est cette fois la réponse que le maire de Ribérac Nicolas Platon a apportée au même groupe d’opposition, qui s’inquiétait de savoir quand le bulletin municipal serait diffusé, sachant qu’il a expédié sa contribution en temps et en heure. Mais pourquoi le premier magistrat a-t-il soupiré… alors que le trio Christophe Gontier – Franck Mercier – Olivier Buisson n’avait jamais posé la question ? Sans compter que « ces jours-ci » ne font pas une date précise. De là à ce que les trois élus s’étonnent somme toute… de déranger, il n’y a qu’un pas.
« Nous condamnons une décision qui écarte les foyers fiscaux des élus du conseil municipal, et qui dépend d’un accord implicite du maire ». Si le montant de l’aide municipale (100 €) pour l’achat un vélo électrique a, par sa modestie, déçu le groupe d’opposition Continuons ensemble pour Ribérac, l’exclusion de principe des élus de la population bénéficiaire de ce coup de pouce l’a stupéfait. Il cherche encore la motivation de ce tri parmi les Ribéracois. De là à croire qu’aux yeux de l’équipe de Nicolas Platon, cette sélection présente l’avantage d’écarter ses opposants du droit au dispositif, il n’y a qu’un pas, qu’ils semblent, pour le coup, prêts à faire. Leur porte-parole Christophe Gontier rappelle en tout cas qu’ils siègent tous bénévolement à l’assemblée municipale -à l’égal des conseillers de l’autre groupe d’opposition.
L’opposant Christophe Gontier réprimandé

La cerise est venue sur le gâteau « à la fin » de la réunion de l’assemblée municipale, ajoute Christophe Gontier. Quand Nicolas Platon a tenu à dire l’injustice qui lui avait été faite dans un autre post Facebook. « Y aura-t-il encore un pilote à la mairie de Ribérac ? », avait, le 12 mai, grincé le groupe Continuons ensemble pour Ribérac dans un post Facebook (ICI), en apprenant qu’il figurait sur la liste que son homologue de Périgueux Delphine Labails emmène pour la Dordogne aux régionales 2021 -en 8e position. Pour résumer, le fameux post se demandait comment, s’il était élu au conseil régional, Nicolas Platon pourrait couler l’exercice de ce nouveau mandat, sa fonction de maire de Ribérac et celui de son emploi au Département de la Dordogne dans son planning. Glissant au passage que d’autres s’étaient mis en disponibilité professionnelle -en référence à Patrice Favard, même s’il n’était pas cité. Pour ce conseil municipal apparemment tendu, « le maire Nicolas Platon avait imprimé ce post ». Façon professeur qui va donner une leçon, à entendre Christophe Gontier. C’est qu’en 2015, son prédécesseur Patrice Favard, qui a échoué à conserver la mairie en juin 2020 avec la liste Continuons ensemble pour Ribérac qu’il emmenait, était lui-même candidat aux élections départementales. En somme, Nicolas Platon a jugé le reproche qui lui était fait bien malvenu -et l’ancien maire Rémy Terrienne a renchéri sur la page Facebook Ribérac pour tous, signalant que, côté cumul des responsabilités, à l’époque, Patrice Favard se posait là, merci de ne pas oublier. Quand bien même, poursuit Christophe Gontier, « si Nicolas Platon estime que Patrice Favard avait eu tort… pourquoi réplique-t-il le schéma ? ».
« Les décisions ont été prises à quelques-uns et toute proposition de l’opposition est systématiquement écartée »

Surprise, surprise quand un dossier est présenté en conseil municipal, pointe d’abord, de son côté, le groupe Agir pour Ribérac, dans son compte-rendu de la séance du 12 mai (post Facebook ICI) : en ayant sauté l’étape du travail en commission, ledit dossier constitue toujours une surprise pour les élus d’opposition. Qu’ils proposent des modifications, eh bien… c’est cause toujours, elles ne trouvent aucun écho. L’affaire n’est donc pas nouvelle… -en durant, elle tournerait en somme à la sale manie, et le rappeler peut se comprendre comme un facteur aggravant.
La fin de non-recevoir à tout ne tient d’ailleurs même pas à la nature de leurs propositions, relèvent les élus de Agir pour Ribérac : l’équipe de la majorité ne les écouterait pas davantage quand ils partagent ses objectifs que quand ils s’y opposent. Ce serait donc le style de gouvernance de Nicolas Platon. Que le trio Philippe Chotard – Amandine Chevalier –Philippe Rallion résume : « Les décisions ont été prises à quelques-uns et toute proposition de l’opposition est systématiquement écartée ». La majorité municipale aurait encore appuyé le trait lors de ce dernier conseil municipal, en boutant donc hors les murs de diverses instances la petite place faite à l’autre groupe d’opposition de l’assemblée –Continuons ensemble pour Ribérac.
Au total, « le seul espace qu’il nous reste encore -pour combien de temps ? – est de poser en séance des questions d’actualité » -CQFD, hélas.
« Les nouvelles sur l’abattoir tiennent à la seule parole du président du Département… à 2 mois des élections »
Parmi ces questions-là, celle de l’état d’avancement du dossier de l’avenir de l’abattoir a été inévitablement convoquée par le groupe Agir pour Ribérac le 12 mai : jamais le conseil municipal n’a pu compulser un seul rapport écrit. Pourtant, souligne-t-il, l’éventuelle perspective d’une vente du site « relève de (sa) seule compétence ». Reste que les nouvelles sur ce « dossier central » parviennent aux élus d’opposition via la presse locale. Or, force est de constater qu’elles tiennent à la parole du président du Département et à elle seule… au moment où celui-ci bat la campagne pour tenter de décrocher un 2e mandat. Le trio Agir pour Ribérac se souvient que la collectivité dont l’intéressé gouverne à ce jour la destinée a pourtant été absente quand la survie de l’abattoir était en jeu. D’ailleurs, le site a été liquidé sans qu’elle ait levé le petit doigt. En tout état de cause, pour l’heure, deux paragraphes ont fait tout le rapport présenté à l’assemblée départementale, sans qu’ « aucune solution de reprise » ne figure… Sachant que, parmi les pistes qui esquisserait un horizon possible… et qui ne s’y trouvent donc précisément pas, il y a, pour le groupe Agir pour Ribérac, matière à s’interroger sur la composition de la structure qui se chargerait de sa gestion, dès lors que « Département, Région, et Ville de Ribérac refusent obstinément d’y entrer ».
Ce département vit une vraie dégringolade de la démocratie. On voit combien l’art de la tête baissée est passé en maître dans cette assemblée de « oui-oui » et… on vote encore devant cette mascarade d’ouverture. Il faut espérer un réveil sérieux .