
Vive émotion dans la forêt de la Double, où l’intérêt économique à faire du bois de chauffage prévaudrait sur la préservation d’une zone Natura 2000, un classement fait précisément… exprès pour que la sauvegarde de la biodiversité prime sur tout. Cette fois, c’est un projet éolien qui est en cause, sur les communes de Saint-Aulaye-Puymangou et de Parcoul-Chenaud. Il prévoit en effet de tailler dans la forêt. Les défrichements envisagés nécessitent des demandes d’autorisations. Si la surface totale concernée, inférieure à 10 hectares, est exonérée de procédure d’enquête publique, elle reste toutefois soumise à publicité pour « participation du public » qui, en pratique, peut donner son avis en adressant un mail à la préfecture de la Dordogne.
Jusqu’au 07 février 2021 et depuis le 05 janvier dernier (après publication le 04 janvier sur le site de la préfecture de la Dordogne), le public peut consulter l’ensemble du dossier du projet éolien (ICI) qui concerne la forêt de la Double, sur les communes de Saint-Aulaye-Puymangou et de Parcoul-Chenaud. Il peut exprimer son avis sur les demandes d’autorisations de défrichement de 4,8 hectares, dont le développeur Abo Wind a besoin pour implanter 5 grandes hélices de 182 m en bout de pale, en expédiant un mail À CETTE ADRESSE.
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Les demandes d’autorisations de défrichement ont été déposées par la SAS (à associé unique) Ferme éolienne des Grands Clos, entreprise au capital de 100 €, après avoir été une SNC jusqu’en juin 2020.
La Ferme éolienne des Grands Clos a été la propriété de Abo Wind jusqu’au 13 juillet 2017, date à laquelle elle a été vendue à l’entreprise énergétique tchèque CEZ France -l’arrêté préfectoral accordant le permis de construire était signé dans le même temps. Aujourd’hui, c’est très exactement le directeur de développement de Abo Wind France qui fait la démarche de demande d’autorisations, en qualité de représentant du gérant de Abo Wind France… qui était le gérant de la Ferme éolienne des Grands Clos… avant, quand celle-ci a été vendue, d’être mandaté par le nouveau propriétaire CEZ France. « Abo Wind France continue de s’occuper du développement du projet », précise le président de Asso3D Thierry Bonne. En revanche, il indique « ignorer » si c’est toujours Abo Wind qui assurerait encore le rôle d’opérateur – l’entreprise en charge de la maintenance et de l’exploitation directe du site.
Le développeur Abo Wind fait ainsi preuve de persévérance. En effet, le 18 décembre 2018, le tribunal administratif de Bordeaux avait annulé les autorisations de défrichement qu’il avait obtenues le 22 septembre 2016 et le 21 avril 2017.
L’association Défendons le val de Dronne et la forêt de la Double Asso3D rappelle en outre que ce projet dit des Grands Clos est farouchement contesté.
À ses yeux, le massif Double-Landais, qui couvre 4 départements, est inadapté à ce type d’installation industrielle… et, à ce jour, aucune éolienne n’y a poussé. Ensuite, le projet des Grands Clos impacte pile un espace où la biodiversité est « riche ». Or, sa réalisation « nécessite une dérogation à l’interdiction de détruire 12 espèces protégées ».
Asso3D dénonce en outre l’aggravation du risque incendie : en cas de sinistre, l’intervention aérienne est « indispensable », indique-t-elle, en citant des précédents « à moins de 13 km » de la zone concernée par le projet des Grands Clos. Or, « l’intervention des avions bombardiers d’eau sera empêchée sur 430 hectares », avance-t-elle.
Si le projet des Grands Clos devait se concrétiser, poursuivent les opposants à donner le feu vert à ce projet industriel en forêt de la Double, il faut avoir en tête qu’ « une vingtaine d’habitations » se retrouveraient distantes de moins de 1000 mètres des grandes hélices quand « leur hauteur justifierait une distance d’au moins 1 500 mètres, ce que le site ne permet pas ».
Y a-t-il du vent au moins ? Non, soutient Asso3D
Et s’il y avait assez et régulièrement du vent, encore ? Mais non, maintient Asso3D.
Ensuite, l’association se projette à l’heure du démantèlement des 5 éoliennes, et pose la question du retour de ces hectares de forêt… à leur état de forêt, dès lors qu’il y aura « des centaines de tonnes de béton armé » à rester enfouies dans le sol, « à partir de 2 mètres de profondeur ».
Et qu’on ne s’imagine pas que les opposants au projet des Grands clos sont d’irréductibles réfractaires aux solutions alternatives de production énergétique, non, l’énergie verte, ils y sont aussi favorables. À cet effet, ils rappellent que sur le territoire de l’une des deux communes concernées par ce projet éolien, il y a « une centrale hydro-électrique en service » d’une part, et que, par ailleurs, un projet de centrale photovoltaïque de 10,7 MW a été accueilli sans difficulté.
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Mais ici, c’est, insiste Asso3D, le paysage de la Dordogne qui serait mis en péril par la concrétisation de l’intention du promoteur Abo Wind, alors même que la première activité économique du département est… le tourisme. En permettant sa réalisation, il faudrait par-dessus le marché faire fi des avis négatifs de « 30 communes de la Double et de 9 conseils municipaux sur 13 dans (un périmètre) de 6 km (du projet) ». Tout comme il faudrait s’exonérer des résultats de « nombreuses consultations de la population et des acteurs économiques et culturels » qui ont dit non « à 94% ».
Avant de pointer qu’au pénal, une procédure est en cours à l’encontre de « deux maires des communes d’implantation en fonction en 2013 ». Ils ont en effet été « mis en examen pour prise illégale d’intérêt le 30 septembre 2019 ».
Tout ceci montre à quel point le citoyen n’est pas respecté. Il est inconcevable de mettre des installations aussi importantes dans un lieu dont l’histoire, l’environnement, l' »écologie » en font l’attrais majeur ! Nos dirigeants sont plus liés à des performances financières qu’au respect des hommes et des femmes qui les ont élus. Ne vous demandez pas pourquoi, la confiance est absente et les électeurs deviennent des abstentionnistes . La raison en est là.