
Le député MoDem de la 3e circonscription de la Dordogne Jean-Pierre Cubertafon a, lundi 12 octobre, plusieurs fois proposé au maire de Ribérac Nicolas Platon et président de la SEMOP qui gère l’abattoir, de prendre rendez-vous avec le cabinet du ministre de l’Agriculture Julien Denormandie pour faire face à l’alarmante situation du site. En effet, le plan de relance du gouvernement pourrait permettre de faire émerger une solution d’avenir pour l’abattoir. Une opportunité pour la survie du site et pour la pérennité des emplois, souligne Jean-Pierre Cubertafon dans un communiqué. D’autant qu’après avoir défendu le dossier auprès du ministère, il a déjà eu des « retours positifs ». Le député veut croire que les acteurs concernés ne laisseront pas passer cette occasion. Même si, mardi 13 octobre, Nicolas Platon a fait savoir au tribunal de commerce qu’il était d’avis de prévoir une demande de mise en redressement judiciaire de l’abattoir.
À la réunion du conseil d’administration de l’abattoir de Ribérac, lundi 12 octobre 2020, le député MoDem Jean-Pierre Cubertafon a eu beau rappeler que le cabinet du ministre de l’Agriculture était tout disposé… et de surcroît bien disposé à se pencher sur la recherche d’une issue positive et durable à la situation extrêmement préoccupante du site, aucune réponse ne lui était parvenue ce mercredi 14 octobre 2020. Jean-Pierre Cubertafon veut croire que le maire de Ribérac et président de la SEMOP Nicolas Platon ne va pas tarder à accepter un rendez-vous au cabinet de Julien Denormandie, rendez-vous qui, dans son principe, est acté. Bien sûr que la collaboration de l’ensemble des acteurs concernés sera déterminante pour dégager une solution, précise-t-il.
Face à l’alarmante situation de l’abattoir, une « attitude… vacharde » est-elle concevable ?
Reste qu’en envisageant, le lendemain (mardi 13 octobre) de demander au tribunal de commerce sa mise en redressement judiciaire, Nicolas Platon fait-il comprendre qu’il a déjà son idée d’un scénario pour l’abattoir ? Ce serait s’interdire de considérer que le plan de relance du gouvernement a prévu 250 M€ pour les filières animales, dont 130 M€ pour la modernisation des abattoirs et les outils de première transformation. « Attitude… vacharde » ? C’est une interrogation soulevée dans les rangs des observateurs du dossier. Qui ont en tête que les dettes de l’abattoir participent à plomber les finances de la Ville.
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La communauté de communes ne semble pas prête à s’impliquer
État, Région, communauté de communes du Périgord ribéracois (CCPR), chambre d’agriculture, administrateurs publics, privés… au total, ce sont une trentaine de personnes qui se sont retrouvées au conseil d’administration de la SEMOP qui gère l’abattoir. En même temps qu’il proposait de soumettre directement au cabinet du ministre de l’Agriculture la nécessité de dégager une solution de survie durable pour le site, le député Jean-Pierre Cubertafon a interpellé le président de la CCPR Didier Bazinet, également élu au Département de la Dordogne. Sa démarche visait à suggérer que la CCPR s’implique. Manifestement, cet appel s’est perdu : la question, très directement posée, a été esquivée. À se demander si elle était d’actualité. Par ailleurs, l’actionnaire Le Pré Vert a annoncé qu’il « suspendait ses arrivages » sur le site de Ribérac, au motif compréhensible qu’il avait impérativement besoin de garanties en matière d’hygiène, autre sujet délicat à s’être invité à ce conseil d’administration (voir plus loin). À lui tout seul, cet apporteur pèse « un tiers des apports ». Toutefois, si les garanties invoquées sont remplies, Le Pré Vert a indiqué au député qu’il était tout à fait en mesure de revenir dans le jeu.
« L’audit souligne que des abattoirs de petite taille à l’équilibre, ça existe en France » (Philippe Chotard)

De son côté, Philippe Chotard a écrit une lettre au président de la SEMOP et maire de Ribérac Nicolas Platon, qu’il a publiée sur la page Facebook de son équipe Agir pour Ribérac ICI.
Son idée est qu’il est urgent, surtout, de « ne pas se contenter d’être spectateurs » du naufrage de l’abattoir. « Bien sûr que le maire Nicolas Platon n’est pas responsable de tout. Son prédécesseur Patrice Favard n’avait pas une seule fois réuni le conseil d’administration de la SEMOP, entre mi-février et fin juin (autrement dit jusqu’au second tour des municipales, qui s’est tenu le 28 juin) ». Mais l’élu d’opposition, qui a emmené la liste Agir pour Ribérac aux municipales 2020, retient des conclusions du cabinet d’audit Hérès mandaté par la Ville le paragraphe qui dit qu’ « il existe des abattoirs de petite taille en France, qui sont à l’équilibre, à condition que leur gestion soit rigoureuse et qu’il n’y ait pas de disproportion entre masse salariale et chiffre d’affaires ». Condition qui, selon Philippe Chotard, peut se résumer ainsi : « il faut avoir un projet » pour l’abattoir de Ribérac. C’est d’ailleurs une exigence dont l’État et la Région ont besoin… et ils l’ont tous deux redit lundi.
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« Parmi les conditions d’hygiène qui ne sont pas respectées à l’abattoir… il y a le lavage des mains ! » (Philippe Chotard)
« Un courrier de la direction départementale de la protection et de la sécurité des populations DDCSPP (nouvelle appellation de la direction des services vétérinaires-DSV) est récemment arrivé ». Celle-ci a contrôlé l’abattoir de Ribérac dans le cadre de ses missions régulières, explique Philippe Chotard. Elle rappelle que des mesures d’hygiène doivent être respectées au sein du site d’abattage, puisqu’ aujourd’hui… elles ne le sont pas forcément. Pour exemple – un tantinet sidérant- « le lavage des mains » des salariés, qui n’est pas systématique. Mais c’est somme toute -et, las, naturellement à ses yeux- que l’abattoir accumule les difficultés. « L’immobilisme amène à ce que les mesures s’enchaînent, et, cette fois, c’est un risque de fermeture de l’abattoir pour raisons sanitaires qui peut surgir ». Le personnel est démobilisé ? « Sans direction, le personnel se retrouve sans directives… » sous l’effet encore d’une implacable logique. Le directeur technique a eu la charge de s’adresser aux médias. Au moins n’est-ce pas le directeur que Philippe Chotard connaît, absolument « silencieux » en conseil d’administration. « Mais c’est aussi légitime qu’il s’exprime car son patron, c’est le maire ». Reste toutefois à déterminer si celui-ci n’était pas « en service commandé »… Des propos tenus par le cadre supérieur sur la susceptibilité du personnel l’ont en effet surpris : il s’agit juste d’organisation au quotidien…
Cette affaire est un exemple parmi tant d’autres où le système de gestion économique de l’entreprise fait défaut car souvent occulté par des aspects politiques souvent dictés par de un dogme bien connu en Périgord!