Diffamation pendant les municipales à Saint-Astier ? Une audience le dira… et Élisabeth Marty contre-attaque

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La bataille des municipales 2020 à Saint-Astier se poursuit sur le terrain de la justice pénale (© Territoire Magazines)

Le candidat aux municipales 2020 à Saint-Astier Daniel Benoist avait -avec 22 de ses colistiers et l’ancien adjoint aux finances Alain Bugeaud– saisi la justice pénale début août pour diffamation et injures publiques. Il mettait en cause trois personnes, dont Élisabeth Marty, devenue entretemps maire de la cité. Le candidat qui emmenait la liste PS Avec vous Saint-Astier autrement dénonçait le contenu du dernier tract du 2nd tour de la liste DVD Astériennes, Astériens Vivons notre ville ! que Élisabeth Marty conduisait. Après qu’au plan de la justice administrative, le rapporteur public a proposé au tribunal de Bordeaux d’annuler l’élection municipale, le tribunal correctionnel de Périgueux a fixé, ce lundi 12 octobre, une date d’audience pour étudier cette plainte au pénal, sous condition de versement de 24 consignations (pour les 24 requérants). Après avoir posé une question technique au défenseur des plaignants Me Pierre Daniel Lamazière.

À Saint-Astier, la bataille des élections municipales 2020 a laissé des traces. L’affrontement des deux leaders des listes du 2nd tour se poursuit sur le terrain judiciaire. Début juillet, Daniel Benoist avait saisi le tribunal administratif de Bordeaux, invoquant notamment le fait qu’il avait été, au regard du code électoral, dans l’impossibilité de répondre à un tract de la liste de sa concurrente et maire sortant Élisabeth Marty, et que ce tract avait eu une influence sur le résultat d’un scrutin très serré, en sa défaveur. Élisabeth Marty allait en effet emporter le scrutin de 17 voix. Elle est, depuis, devenue le maire de Saint-Astier. Mais c’est aussi au plan pénal que la bataille continue.

L’ancien adjoint aux finances Alain Bugeaud parmi les plaignants

Début août, Daniel Benoist avait aussi déposé une plainte auprès du parquet de Périgueux, estimant que le contenu dudit tract était en outre répréhensible au plan pénal, au motif qu’il présentait à ses yeux un caractère diffamatoire et publiquement injurieux. Dans cette seconde démarche, le candidat socialiste a saisi la justice avec 22 de ses colistiers et l’ancien adjoint aux finances Alain Bugeaud, qui « s’était senti visé » par une partie des propos en question explique-t-il. Alain Bugeaud faisait en outre partie de son bureau de campagne.

« Restaurer mon image et rétablir la vérité » (Daniel Benoist)

Daniel Benoist
Daniel Benoist s’est déplacé au tribunal correctionnel de Périgueux pour assister à l’audience de consignation (© Territoire Magazines)

« La politique, ce n’est pas ça ». Voilà le premier motif pour lequel Daniel Benoist avait tenu à saisir la justice pénale. Il y en avait un autre, plus personnel : « restaurer (son) image et rétablir la vérité ». Pour rappel, dans le fameux tract diffusé dans les boîtes aux lettres des habitants de Saint-Astier à 3 h de la clôture de la campagne du 2nd tour des municipales 2020, le candidat qui conduit la liste PS Avec vous Saint-Astier autrement est… peu avantageusement décrit par la liste conduite par Élisabeth Marty. Entre le soutien de « copains » dont il est affirmé qu’il bénéficie et son attitude « sur les réseaux sociaux » pendant le confinement, où il a été de ceux -pas de conditionnel dans ce document- qui ont « menti, désinformé et calomnié », Daniel Benoist se retrouve haché plutôt menu. Ce tract appelle en outre à voter pour la liste DVD Astériennes, Astériens Vivons notre ville ! faute que les électeurs amènent aux affaires « l’affabulation, le sexisme » -dont on comprend que ce sont deux autres vilaines inclinations de son concurrent. Sans compter qu’il est spécifié qu’il a « ruiné la commune » et qu’il a « dissimulé une pénalité de renégociation de 418 000 € ainsi que 257 000 € de factures impayées ». C’est cette attaque-là qui a conduit l’ancien adjoint aux finances Alain Bugeaud à se porter plaignant aux côtés de Daniel Benoist et de 22 de ses colistiers.

LIRE AUSSI : Antoine Audi, qui a envie de Régionales (et ça lui plaît), juge que le maire de Périgueux Delphine Labails « ne peut pas mieux faire » (et ça le consterne)

Audience-éclair, question technique comprise

Dans la plainte déposée au pénal, Daniel Benoist met trois personnes en cause : Élisabeth Marty, Jean-Bernard Martin en qualité de président de l’union démocratique astérienne (UDA, dont la page Facebook affichait toujours ce tract musclé fin août) et l’ancienne adjointe aux finances Martine Hivert, qui aurait commenté le point des « factures impayées ».

Seul Daniel Benoist s’est déplacé à l’audience de consignation de ce lundi, accompagné de son conseil Me Pierre Daniel Lamazière. Les trois personnes mises en cause dans la plainte ont été représentées par Me Fabrice Amblard. Quelques minutes ont suffi pour arrêter la date de l’audience qui étudierait l’affaire… et encore, interrogation de la présidente du tribunal comprise. Celle-ci a en effet demandé à Me Daniel Lamazière s’il était bien possible de prévoir dès maintenant cette audience… sachant que le tribunal administratif avait été lui aussi saisi. Le conseil lui a répondu oui.

Pour rappel, la décision du tribunal administratif de Bordeaux est attendue semaine prochaine. Le 06 octobre, le rapporteur public lui a proposé de prononcer l’annulation de l’élection.

Interrogé à la sortie de cette audience éclair, Me Fabrice Amblard n’a pas fait de commentaire « puisqu’il n’y a(vait) rien de nouveau ».

« Les requérants demandent 96 000 € de dommages & intérêts » (Élisabeth Marty)

Toutefois, Élisabeth Marty a publié un post à la mi-journée sur sa page Facebook qui souligne notamment que les requérants demandent 96 000 € de dommages et intérêts. Contacté, le défenseur de Daniel Benoist Me Daniel Lamazière a confirmé ce montant. « Chacun des 24 plaignants demande quelque chose : Daniel Benoist 10 000 €, Alain Bugeaud 8 000 €, ceux qui ont été élus 6 000 €, etc » pour le préjudice moral dont ils estiment avoir été victimes.

Par ailleurs, dans ce post, Élisabeth Marty fait aussi état d’ « une première requête déposée par Daniel Benoist et les 23 personnes qui soutiennent sa démarche auprès du président du tribunal judiciaire de Périgueux aux fins d’assigner à jour fixe pour avoir le droit de saisir la justice en urgence », avant d’ajouter que celle-ci a été rejetée, et, surtout, en disant pourquoi. On lit ainsi que, dans sa réponse négative à la requête, le président du tribunal judiciaire stipule que « l’urgence invoquée par les requérants n’est qu’une action purement indemnitaire » et, en substance… et notamment, qu’ « elle n’est pas constituée par le souci de rétablir la vérité ». Me Daniel Lamazière a confirmé que cette première requête avait bien été déposée, parce qu’il sait que « les juges estiment que les affaires de presse prennent beaucoup de temps ».

Si l’élection municipale devait se rejouer, l’atmosphère à Saint-Astier risque fort d’être turbulente…

Prochain rendez-vous au tribunal dans moins de 2 mois

Le tribunal correctionnel se penchera donc sur la plainte de Daniel Benoist et de ses 23 co-plaignants lundi 7 décembre 2020, à 16h. À condition bien sûr que tous s’acquittent, d’ici un mois, d’une consignation de 150 € chacun -soit, au total, 3 600 €.

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