Régionales 2021 : le maire de Bergerac Jonathan Prioleaud se voit en n°1 en Dordogne (et Antoine Audi peut en être, après le 4e rang)

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Jonathan Prioleaud
Jonathan Prioleaud (© Territoire Magazines)

Jonathan Prioleaud est maire de Bergerac, 1er vice-président de sa communauté d’agglomération -la CAB– et il a 36 ans. D’ici le 15 octobre, il saura s’il engage des procédures d’expropriation à l’encontre des propriétaires fonciers bergeracois qui lanternent pour faire des travaux -le propriétaire de l’immeuble des anciennes Nouvelles Galeries a opté pour le redémarrage du chantier, prévu semaine prochaine. Conjointement, le premier magistrat veut positionner un binôme issu de la liste Bergerac, une énergie nouvelle qu’il a conduite aux municipales 2020, sur le canton de Bergerac 1, en vue des Départementales 2021. Il veut aussi emmener une « liste de rassemblement » au scrutin des Régionales 2021, en réservant les premières places à ceux qui ont gagné les élections. De sorte que si Antoine Audi en est, ce sera au mieux à la 5e place.

Quand Jonathan Prioleaud avait annoncé qu’il serait candidat aux municipales 2020 à Bergerac, il avait 34 ans. Le voilà, à 36 ans, installé dans le fauteuil de maire, comme Daniel Guarrigue le souhaitait. Lors de son dernier mandat, son mentor lui avait au demeurant confié des responsabilités grandissantes, de 2 ans en 2 ans. Après avoir fait savoir qu’il soutiendrait Frédéric Delmarès à la tête de la communauté d’agglomération bergeracoise (CAB), Jonathan Prioleaud est son premier vice-président, qui retient qu’il a totalisé le même nombre de voix que celui qui a été élu président.

Fini le temps où « 4 ou 5 propriétaires empoisonnaient la vie de Bergerac »

« Maintenant, nous sommes organisés par pôles ». À la mairie de Bergerac, Jonathan Prioleaud a changé les affectations des bureaux et recruté un technicien transition environnementale, rattaché au directeur général des services. « Il s’agit que le navire soit plus réactif et fonctionne de manière transversale ». Sur le terrain, il s’est attelé au problème des immeubles inoccupés -la ville compte 3 000 logements vacants. Les propriétaires fonciers qui traînent des pieds pour réaliser des travaux arriveront bientôt au terme du mois qu’ils avaient pour se décider à agir -la feuille de route leur a été expliquée en face à face. Engager un chantier n’était pas leur seule option. C’est ainsi que le propriétaire du bâtiment des anciennes Nouvelles Galeries « devrait reprendre les travaux d’ici au 15 octobre ». Un autre, qui possède un immeuble place Gambetta, a eu une proposition d’achat de la Ville, puisqu’il ne sait pas à quoi affecter son bien. « Il a annoncé un prix qui est le double de sa valeur, il y aura le temps de la négociation. Faute d’accord, nous engagerons une procédure d’expropriation ». Autrement dit, fini le temps où « 4 ou 5 propriétaires empoisonnaient la vie de Bergerac ». L’établissement public foncier permet à la Ville de procéder à ces expropriations, et celle-ci peut gérer ce patrimoine immobilier. Simplement, « il faut s’attaquer à ce problème en début de mandat ». De leur côté, les commerçants sont conviés à rencontrer les élus une heure par semaine autour d’un café, avant que chacun commence sa journée, pour faire état de leurs besoins. Cette méthode de prise directe est elle aussi destinée à « augmenter la réactivité ». Elle sera répliquée dans les 6 quartiers de Bergerac, en novembre, pour élaborer la politique de la Ville.

Associations sportives : finies, les bonnes raisons pour déroger au règlement 

« Sous la mandature de Daniel Guarrigue, il y avait déjà des règlements, mais des associations invoquaient toujours des bonnes raisons pour y déroger ». Jonathan Prioleaud entend là aussi donner un coup de pied dans la fourmilière. Début novembre, il va réunir les associations sportives subventionnées par la Ville ou qui bénéficient de ses locaux pour qu’elles se remettent en ligne. En effet, les agents communaux ont un calendrier pour entretenir les équipements. Or, il leur arrive trop souvent d’être empêchés d’intervenir parce qu’ils les trouvent occupés quand ils devraient être vides. « À l’avenir, quand ils seront face à des gens qui ne devaient pas y être… et qui refusent de libérer les lieux, ils appelleront l’adjoint aux sports qui les enjoindra de partir ». Plus question ainsi de recevoir en mairie les avoinées des clubs qui trouvent, sur leurs créneaux d’occupation, des équipements sales. Par ailleurs, exit les camions des revendeurs du parking Gambetta, histoire que le paysage du marché reprenne des couleurs.

Création d’une SEM pour l’abattoir : les collectivités y seront pour 80% des parts

« Aujourd’hui, c’est la Ville qui gère l’abattoir. Demain, ce sera une société d’économie mixte (SEM) ». Vont entrer au capital de la SEM la ville de Bergerac (100 000 €), la CAB (100 000 €), le Département de la Dordogne (80 000 €), le Grand Périgueux (50 000 €) la communauté de communes de la Vallée de l’Homme (10 000 €). Cette part publique composite va égaler 80%. Les 20% restants iront à des bouchers et des éleveurs (les participations seront comprises entre 100 € et 15 000 €). L’abattoir de Bergerac, ce sont 7 000 tonnes/an d’abattage. « La SEM va emprunter dans le cadre du plan de relance et elle va bénéficier d’aides ». En effet, un investissement de 1,5 M€ va assurer l’agrandissement et la réfection des quais de chargement ainsi que la modernisation de la chaîne d’abattage. La Ville ayant encore des mobiliers sur le site, elle va encaisser des loyers de la SEM. Cette importante remise à niveau offrira l’opportunité de renommer la boucherie de l’abattoir. « Ce nom est en effet, en réalité, une usurpation d’identité ».

« Je ne crois pas que LREM puisse faire liste commune avec la droite. À titre personnel, je suis contre LREM et je ferai campagne en ce sens »

« Quels mandats permettraient à la liste Bergerac, une énergie nouvelle d’être représentée ? ». C’est ainsi que Jonathan Prioleaud a abordé le calendrier électoral… et son escalade sur ce front-là ne date pas du tout d’hier. Dès le 1er août, il était intervenu à la réunion de la droite et du centre, qui réfléchissait alors aux candidats potentiels aux sénatoriales 2020. « Je souhaite que l’on cesse de se servir des scrutins à venir pour s’expliquer sur ceux qui sont passés ». Mais à qui donc pense aujourd’hui Jonathan Prioleaud ? Que de mystère, que de mystère. Il rappelle qu’il a soutenu Joëlle Huth qui « est plutôt du Centre ». Sauf que, depuis, celle-ci est encartée chez Les Républicains (LR) « Oui ». No comment, le maire de Bergerac retient que les LR « ont fait le job ». Le contexte n’était pourtant pas fameux, pointe-t-il, en ayant alors notamment en tête que Périgueux venait de tomber sur sa gauche. Au terme d’une « belle campagne », Joëlle Huth a apporté naturellement son soutien candidat Jean-Pierre Cubertafon pour la 2e manche du scrutin du 27 septembre : Jonathan Prioleaud ne voit pas le problème que d’autres soulèvent. « Historiquement, la droite départementale et le MoDem se sont toujours entendus -qu’il s’agisse de l’UMP, de l’UDF, des LR… avec le MoDem, il y a une histoire commune ». En outre, poursuit-il en substance, il y a MoDem et MoDem. Or, le député de la 3e circonscription a indiqué qu’il siègerait au sein de la majorité de Gérard Larcher. Non, ce n’était pas une surprise, mais « au moins, ça a été dit ». Et, côté Jonathan Prioleaud, voilà une occasion de préciser son positionnement. « Je ne crois pas que LREM puisse faire liste commune avec la droite. À titre personnel, je suis contre LREM et je ferai campagne en ce sens ».

« Germinal Peiro est fragilisé pour les Départementales 2021, mais si Beynac, c’est lui… ce ne sont pas tous ses élus »

« Sur Bergerac 1, je souhaite un binôme de ma liste ». Le canton de Bergerac 1 équivaut à peu près à la ville de Bergerac, souligne son maire. L’équipe initiale des 35 colistiers s’est déjà réunie pour préparer les Départementales 2021. « Des personnalités se sont dégagées »… et merci d’attendre pour savoir de qui Jonathan Prioleaud parle, donc de prolonger la durée de vie de son mot d’ordre, qui visait à laisser passer les sénatoriales 2020. Sans compter que le calendrier électoral reste tout flou : les dates des scrutins sont inconnues, on ne sait pas davantage si l’éventualité qu’ils aient lieu en même temps reste envisagée. « Il y a une vraie possibilité de changer la couleur du Département de la Dordogne. Des décisions de justice fragilisent Germinal Peiro ». Et c’est un partisan de toujours de feu la déviation qui le dit. « J’ai été pour la Voie de la Vallée, pour désengorger notre partie autour de Creysse ». Reste que le patron du Département a commencé les travaux de la déviation de Beynac et « il ne fallait pas ». Le droit qui s’applique aux particuliers s’applique tout pareil aux collectivités, enchaîne-t-il. Toutefois, pour le prochain scrutin départemental, « Beynac, c’est Germinal Peiro… pas tous ses élus ».

« Je souhaite que le maire de Bergerac siège à la région Nouvelle-Aquitaine »

« Je souhaite que le maire de Bergerac siège à la région Nouvelle-Aquitaine ». Une chose est sûre, Jonathan Prioleaud a choisi : ce sont les Régionales 2021 qui le motivent. Même s’il garde en tête qu’ « en politique, on ne sait jamais… (de quoi demain sera fait) », il estime que c’est le bon moment, en somme : la ligne ferroviaire Sarlat-Bergerac-Libourne vient d’être rénovée, des discussions vont s’engager sur le nombre d’arrêts. Cette compétence TER est capitale, car « elle impacte l’économie, le tourisme, l’attractivité pour séduire de nouveaux habitants ».  Si le Département accompagne beaucoup le développement économique, « il est important que quelqu’un soit à la Région pour flécher (les moyens sonnants et trébuchants) ». L’enjeu est équivalent en matière de formation, si l’on veut que les financements de la Nouvelle-Aquitaine irriguent le territoire. Pour mémoire, il manque ainsi à la CAB « la partie contractualisation » à son programme Excellence alimentaire. « On peut produire en Dordogne ! ». Sans compter le dispositif régional existant Néo Terra, dans lequel il faut, à ses yeux, entrer.

« Je veux emmener une liste de rassemblement en Dordogne : LR, Centre, MoDem, UDI… et personnalités que la gauche a déçues »

« Il n’y a pas que EELV qui puisse parler de développement durable, de politique environnementale » à la Région, dont le président est aujourd’hui plus versé dans les nouvelles technologies, soit dit en passant. « Aujourd’hui, on n’a pas de frêt ferroviaire ». Or, Jonathan Prioleaud entend utiliser systématiquement le train pour véhiculer la production agricole périgourdine. Sa stratégie pour partir au scrutin est arrêtée. « Je veux emmener une liste de rassemblement en Dordogne ». En allant des LR au Centre, au MoDem, au Nouveau Centre, à l’UDI et des « personnalités que la gauche a déçues ». Issues de la société civile ? « Bien sûr, mais les élus qui sont issus de la société civile, ce n’est pas une invention de Emmanuel Macron… ». Les colistiers devront s’accorder sur une transparence complète et une méthode fondée sur la concertation. Et qu’on ne s’y trompe pas. « Moi, je ne pioche pas dans tous les partis pour les flinguer ». Autre impératif que s’est fixé Jonathan Prioleaud : respecter le maillage territorial. En clair, il souhaite (beaucoup beaucoup) une liste qui réserve son haut de tableau « aux personnalités gagnantes aux élections municipales dans les 4 circonscriptions », avant de positionner les suivants sur le principe de « la représentativité », en respectant la parité, bien sûr. Comment compte-t-il faire avec Antoine Audi, qui souhaite former un ticket avec Nathalie Fontaliran ? « En 2014, Antoine Audi était légitime (car il avait emporté Périgueux) ». Cette fois, Jonathan Prioleaud le voit « peut-être après les 4 premiers de la liste ». Toujours est-il qu’il avait fait part de son envie de Régionales 2021 lors de la réunion de la droite et du centre le 1er août. « Je ne cherche pas à discuter à 3 ou 4 ».

« Alain Rousset va faire un score historiquement bas au 1er tour »

« Pour la première fois, Alain Rousset peut être dévissé ». Le maire de Bergerac estime que celui-ci brigue « le mandat de trop ». Il anticipe le scénario qui veut que EELV ait sa liste et que LREM parte avec le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari. Total : « Alain Rousset va faire un score historiquement bas au 1er tour ». En Dordogne, il se murmure de plus en plus fort que, pour ces Régionales 2021, le maire PS de Périgueux Delphine Labails prendrait la tête de liste en Dordogne… et Jonathan Prioleaud l’a entendu. « Ça n’ouvrirait alors pas une nouvelle guerre Bergerac-Périgueux ». D’ailleurs, son prédécesseur Daniel Guarrigue et Antoine Audi ont mené en commun le dossier Action cœur de ville, et les présidents des agglomérations Frédéric Delmarès (pour la CAB) et Jacques Auzou (pour le Grand Périgueux) se sont entendus sur des financements croisés : l’aéroport de Bergerac, la 1ère année de médecine à Périgueux.

2 Commentaires

  1. Cet article rend espoir pour la dordogne. Le ronron des copains est en train de voler en éclat. Une génération bien décidée doit non seulement remettre de l’ordre dans ce département mais aussi permettre une ouverture économique démocratique et culturelle. Ceci fait cruellement défaut depuis des décennies. Il est aussi probable que des femmes comme J Huth sont nécessaires et indispensables pour casser cette mécanique « machiste » instaurée depuis des décennies. Merci pour cette ouverture libre de l’information et bravo pour votre courage.

  2. Et encore un élu qui rêve de cumuler les mandats . Dites moi , les élus ont ils des journées de 48 ou 72 heures par jour dans des mondes parallèles pour mener correctement leurs différents mandats ?
    un mandats = un homme et un homme = un mandat !!!

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