
Le dernier rapport de la chambre régionale des comptes sur la gestion de Ribérac est, aux yeux de l’élu d’opposition Philippe Chotard, « un séisme majeur ». Or, celui qui a emmené la liste Agir pour Ribérac aux municipales 2020 est atterré de constater que le renvoi de la responsabilité de l’état alarmant des finances supplante la préparation de l’avenir de la cité. Philippe Chotard plaide pour que Ribérac forme des projets, mais surtout sans minimiser la situation, comme le maire Nicolas Platon lui donne le sentiment de le faire, entendant même ne pas respecter les préconisations des magistrats.
« Le rapport de la chambre régionale des comptes (CRC) sur les finances de Ribérac est un séisme majeur ». Sauf que pour faire face à sa réplique, l’élu d’opposition Philippe Chotard a le sentiment que le maire Nicolas Platon « cherche à minimiser la situation », au point de prétendre « ne pas respecter les préconisations de la CRC… c’est gonflé ! ». Or, ses magistrats ont juste tiré la sonnette d’alarme. Leur analyse a porté sur la période 2013-2019, pendant laquelle Rémy Terrienne a été maire jusqu’à 2014 (soit un an sur la période concernée), avant que Patrice Favard le remplace jusqu’au dernier scrutin municipal. De sorte qu’il apparaît à celui qui a conduit la liste Agir pour Ribérac que la première préoccupation soit de « distribuer les responsabilités entre l’un et l’autre afin de s’exonérer de toutes ». À l’heure où la CRC évoque une « situation critique », cet état d’esprit est à ses yeux bigrement malvenu. S’escrimer à réécrire l’histoire est stérile, martèle-t-il. Au contraire, « le seul sujet qui vaille, c’est l’avenir ». Et, dans un contexte nécessairement contraint, « Il faut des projets » pour Ribérac.
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La mort programmée de l’abattoir ?
« Pour l’abattoir, on fait quoi ? ». Le site de Ribérac est au bord du gouffre… sans qu’une action soit entreprise pour le tirer de cette situation terriblement inquiétante. Est-ce à dire que la fermeture de l’abattoir est programmée ? Si cette issue fatale s’avère inéluctable, Philippe Chotard voudrait que tout ait été tenté, jusqu’au bout, pour s’en assurer -impensable à ses yeux de laisser filer une éventuelle solution. Il a déjà dit que ce n’était pas l’impression qu’il avait.
« Nicolas Platon redécouvre la nécessité d’investir, tant mieux, d’autant que le Département n’a cessé de couper les subventions à Patrice Favard »
« Pour les investissements, on fait quoi ? ». Philippe Chotard a été sensible au fait que Nicolas Platon reprenne mot pour mot ce qu’il a lui-même dit et redit pendant la campagne : « une commune qui n’investit pas est une commune qui meurt ». En tout état de cause, il est urgent d’ « ouvrir les yeux ». Des scenarii, il n’y en a pas mille et cent, poursuit-il, mais deux. Ou bien on décide qu’au regard de la situation « critique » donc des finances de Ribérac, on ne peut plus rien faire, ou bien, on s’impose de ne pas minimiser la situation. Cette seconde option implique que la Ville est condamnée à se réserver des marges, « de manière à ce que, sur une période longue, elle redresse ses finances… mais en faisant quelque chose ». Et faire quelque chose, après avoir hiérarchisé les priorités. « Il y a les investissements qu’on ne peut pas réaliser, il y a ceux qui sont indispensables et Nicolas Platon redécouvre leur nécessité, alors que le Département de la Dordogne n’a cessé de couper les subventions à Patrice Favard ».
« Ribérac doit soutenir la CCPR… mais l’inverse est aussi vrai »
« Je me suis dernièrement permis d’évoquer la situation de la ville-centre de la communauté de communes du Périgord ribéracois (CCPR) ». Philippe Chotard a rafraîchi les mémoires sur le tableau que Ribérac présentait. « La population continue de diminuer, le taux de chômage est à 19%, il y a des centaines de logements vacants ». L’objectif de l’élu était de démontrer que s’il fallait en effet soutenir la CCPR, il fallait également qu’elle soutienne Ribérac -ainsi, il a plaidé pour une fiscalité mieux répartie. « Sinon, il n’y aura plus rien à Ribérac : ni médecin, ni commerce… ».
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« Un échange constructif avec le maire Nicolas Platon »
« Nous avons eu un échange constructif avec Nicolas Platon ». Dès que Philippe Chotard a pris connaissance du communiqué du ministre de la Cohésion des Territoires Jacqueline Gourault sur le programme d’accompagnement des petites communes (moins de 20 000 habitants) Petites villes de demain, l’élu d’opposition s’est rapproché du maire de Ribérac, qui s’est montré tout à fait d’accord pour que la cité candidate. « La Ville était passée totalement à côté du précédent soutien de l’État Action cœur de ville ».
« La cité scolaire n’est pas un investissement prioritaire ! »
« Dans cette situation financière très préoccupante, il faut prendre des initiatives fortes, ne pas se résoudre à se résigner, et il faut aller chercher des financements ». Cette réponse a été faite par d’autres petites villes, qui ont su être dans le même temps « très sélectives dans leurs investissements et très rigoureuses dans leurs dépenses de fonctionnement », souligne Philippe Chotard. Sans surprise, l’élu d’opposition insiste sur l’intérêt à Ribérac d’un investissement en particulier : l’édification d’une cité scolaire. « Ce n’est pas prioritaire ! ». D’autant que le rapport de la CRC a révélé que « 2,4 M€ d’investissement dans la mise aux normes de l’assainissement ont été différés ». Or, la CRC a aussi rappelé que celle-ci devait être réalisée d’ici à 2022. De toute évidence, « voilà qui ne donne pas matière à rêver »… mais qui souligne que la révision de la hiérarchisation des projets s’impose.
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« Nous voulons être une opposition constructive et la démonstration a été faite que « ça pouvait le faire » »
« Les élus de l’équipe Agir pour Ribérac tiennent à ce que la fiscalité n’augmente pas pendant ce mandat ». Sélection des investissements donc, maîtrise de l’endettement (c’est-à-dire baisse de celui-ci)… mais, comme Ribérac ne pourra pas agir seul, « il va falloir se bagarrer à la CCPR », où l’ancien maire Patrice Favard y aurait bien été « marginalisé », de l’avis de Philippe Chotard. Si Patrice Favard a dû aussi faire avec peu de subventions du Département pendant son mandat, « peut-être n’a-t-il pas monté non plus les dossiers qui vont bien ? En admettant que ceux-ci aient bien été ficelés, reste à savoir s’ils ont été expédiés… ». En tout état de cause, les élus de l’équipe Agir pour Ribérac ont arrêté une ligne directrice dont ils ne bougeront pas : « être présents au conseil municipal dans les commissions, à la CCPR ». Ils précisent à cet effet qu’ils « se mettent à sa disposition de l’intercommunalité : s’ils peuvent se rendre utiles… ». En aucun cas les élus de l’équipe Agir pour Ribérac n’entendent dire non systématiquement. « Nous voulons être une opposition constructive ». Et le rendez-vous avec Nicolas Platon sur le programme Petites villes de demain a fait la démonstration que que ça pouvait le faire. « Ribérac a besoin de faire preuve d’initiatives et de mobiliser toutes les énergies ».