
Le Conseil d’État a mis un point final au projet de déviation de Beynac le 29 juin dernier ? Le préfet de la Dordogne Frédéric Perissat a, le lendemain, signé un arrêté qui détaille la feuille de route de la démolition du chantier entamé et de la remise en état du site, auxquelles la Cour d’appel administrative de Bordeaux a enjoint le Département de la Dordogne de procéder ? Son président Germinal Peiro persiste à croire que rien n’est joué. Il en a publiquement appelé à « la désobéissance civile », assumant même de lanterner pour exécuter la décision de la justice. À l’opinion de renverser la table, en somme. Des visites du chantier interdit au public l’y encouragent. Selon la section départementale de la société pour l’étude la protection et l’aménagement de la nature dans le Sud Ouest (SEPANSO Dordogne), un autre moyen serait convoqué : une caravane du Département façon Tour de France sillonnant les marchés cet été. Après que la tension a notablement monté sur les réseaux sociaux, elle semble gagner le terrain. Par ailleurs, l’association annonce qu’elle alerte le rapporteur général de la commission d’accès aux documents administratifs (CADA), le président de la chambre régionale des comptes, le président de la Cour des comptes car le Département refuse toujours de lui transmettre des documents comptables.
Après que la Cour d’appel administrative de Bordeaux a enjoint, le 10 décembre 2019, le Département de la Dordogne à démolir le chantier de la déviation de Beynac et à remettre le site en l’état, puis que le Conseil d’État a estimé que la collectivité n’était pas fondée à contester cette décision, le président du Département de la Dordogne Germinal Peiro paraît compter sur l’opinion pour ressusciter un projet auquel il semble viscéralement attaché. Sachant que l’ultime saisine de la collectivité a considérablement mordu sur le calendrier imparti pour exécuter sa décision -en appeler à la plus haute juridiction de France laissait en effet courir celle-ci.
Sur le chantier, un arrêté préfectoral est affiché, celui… qui est annulé par la justice
Aujourd’hui, des panneaux annonçant que des visites du chantier interdit au public sont organisées deux fois par semaine, comme un communiqué du Département l’indique, restent implantés aux abords de Beynac. À croire que l’arrêté que le préfet Frédéric Perissat a signé le 30 juin, qui précise les conditions de la démolition des travaux déjà réalisés et de la remise en état du site, n’a jamais existé. Au demeurant, il se trouve que c’est… un autre arrêté qui reste affiché sur le fameux chantier, en date du 28 janvier 2018 : celui de son prédécesseur Anne Baudouin-Clerc, qui autorisait les travaux et que la justice a annulé.

« Je conte sur toi on va voir s’il va faire le malin » (sic)
Sur les réseaux sociaux, les partisans du contournement avaient tout récemment donné un aperçu de l’ambiance qui règne en Dordogne. « Je conte sur toi on va voir s’il va faire le malin » (sic) écrit un internaute sur Facebook, « Les morts ils s’en foutent royalement il faudrait juste qu’une catastrophe punissent les familles de ceux qui sont heureux de cette décision par un mort » (sic), écrit un autre, quand encore un autre opte, lui, pour un « Aller go les routiers bloqué Beynac vous avez tout le soutien » (sic), tandis qu’un nouveau préfère un : « Je ne félicite pas le conseil états pour sa décision c est ridicule je voudrais qu’il y ait un très grave accident ou un rocher qui tombe » (sic). Le Conseil d’État n’est pas du tout oublié par les pro-déviation : « à quoi sert ce foutu conseil d’état ?? des pauvres types qui s’empiffrent sur les deniers du contribuable et qui ne savent absolument rien des sujets sur lesquels ils débattent (…) je suis certains que lorsqu’ils ont voté, ils avaient encore de la tête de veau et du museau de porc coincés entre les dents… » (sic).
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Pierre Moscovici appelé à « intervenir »
Par ailleurs, malgré l’avis favorable de la CADA, le Département refuse toujours de transmettre à la SEPANSO Dordogne des documents comptables du chantier qu’elle a demandés.
Aussi, le président de la SEPANSO Dordogne Michel André annonce trois courriers distincts datés de ce 12 juillet 2020. Ils indiquent que l’association souhaite le conseil du rapporteur général de la CADA Nicolas Polge, demande à la fois au président de la chambre régionale des comptes Jean-François Monteils s’il peut lui-même récupérer les documents comptables en question auprès du Département de la Dordogne, et prie le président de la Cour des comptes Pierre Moscovici d’intervenir sur la question de l’estimation du coût de la déconstruction qu’annonce le Département, des « chiffres exorbitants » que les opposants contestent, et dont ils redoutent qu’ils soient préjudiciables aux contribuables de la Dordogne.
Trop c’est trop ! il est temps de gérer la Dordogne soigneusement et pas seulement BEYNAC….