Municipales : Jean-Jacques de Peretti cède à la tentation XXL de rester le maire de Sarlat

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Jean-Jacques de Peretti
Jean-Jacques de Peretti… le retour en 2020 ? (© territoire-magazines.com)

En Dordogne, il est des municipales qui prennent la lumière. Du cadre du scrutin classique, il y a un élément qui déborde. Ce dépassement sublime son enjeu. À Sarlat, celui-ci tient à la candidature du maire de Sarlat Jean-Jacques de Peretti, un gabarit en politique. Il brigue un sixième mandat. Pour ses concurrents Basile Fanier (SE), Michel Kneblewski (SE) et François Coq (EELV et gauche sauf PS), il pourrait autant s’agir de conquérir son fauteuil de premier magistrat que de l’en faire choir.

À Sarlat, à la tête de la liste Sarlat pour tous, le maire sortant Jean-Jacques de Peretti est candidat à sa succession. Face à lui, ses concurrents Basile Fanier, qui emmène la liste 100% Sarlat, Michel Kneblewski, qui conduit la liste Ensemble ! et François Coq, numéro Un de la liste Ma commune, ma planète ont bien l’intention de l’empêcher de faire un sixième mandat. Pour chacun, ce serait, au nom de l’intérêt général bien sûr, accrocher également un trophée à son tableau de chasse.

« Je suis candidat à un sixième mandat parce que j’en ai envie »

« Je suis candidat à un sixième mandat parce que j’en ai envie ». Le maire de Sarlat Jean-Jacques de Peretti se serait peut-être contenté, hier, d’invoquer cette raison supérieure pour justifier son choix de rempiler. Sauf que, si l’ « envie » n’a pas, en réalité, rétrogradé au classement des sentiments qui nous gouvernent, la mode n’est plus forcément à avancer qu’elle explique tout. Ni de s’aventurer à livrer des bouts de soi pour prouver sa sincérité -sur l’étudiant « un peu poète » et surtout fort amoureux, la ville de Sarlat a exercé une emprise dont il n’a jamais pu se départir, on ne se débarrasse pas comme ça d’une « âme ». Non, aujourd’hui, il faut d’autres motifs pour faire campagne municipale… comme pour le reste, au demeurant. Alors le candidat de Peretti invoque un autre bon motif à sa candidature. Qu’il juge toutefois « difficile à expliquer », précisément. À savoir s’il ne se comprend pas dans les rangs de l’opinion en redoutant qu’elle s’ennuie. « Avec la loi NOTRe, on a perdu quatre ans, mais aujourd’hui, on est dans les starting-blocks ». Maintenant que les projets structurants sont extraits de l’ornière administrative, qui se priverait -y compris pour le tempérament- de les voir aboutir ? « Le PLUI est engagé, Territoire d’industrie aussi, ainsi que le contrat plan État Région, et encore les conventions » qui vont bien -avec le Périgord Noir, avec le Département. Bref, « c’est le moment, on a même un temps d’avance ». Ajoutez à cela l’impression d’être à « un tournant » de l’époque, avec le nouveau statut de l’écologie. Eh bien justement, « le verdissement des villes » est un sujet que Jean-Jacques de Peretti trouve « passionnant ». Pas question de posture convenue chez celui qui « vit le temps », au lieu de le combattre.

Voir émerger le 1er incubateur rural (et Sarlatech plaît à l’opérateur SFR)

« S’il fallait une raison pour se représenter, ce serait Sarlatech ». Pour Jean-Jacques de Peretti, qui se souvient qu’il doit traduire l’« envie » de rester maire de Sarlat dans un projet commun, la réalisation de ce « premier incubateur rural » va rendre la cité exemplaire -pour rappel, le premier magistrat occupe aussi la fonction de président de la communauté de communes Sarlat-Périgord Noir (CCSPN). Aller au bout du projet Sarlatech, c’est mener à bien une adaptation économique de presque « 7 000 m2 pour le web et pour les jeunes » en phase avec l’arrivée de la fibre, qui est « une très grande révolution », en rendant notamment la vie économique séduisante loin des métropoles, en permettant somme toute qu’on se laisse aller à l’actuelle « tentation de la ruralité ». De l’ancien bâtiment France Tabac, « l’architecte a une vision low cost » -tout en ayant une démarche « très intéressante » avec, entre autres, cette idée de « construire du vide ». Total, la facture sera de 4 M€. Dont le financement est, dans le principe et jusque dans sa ventilation, bouclé. « Région, Département, État me suivent ». Sachant que, dans la société d’économie mixte que Jean-Jacques de Peretti prévoit de mettre en place, des actionnaires privés ont déjà témoigné leur intérêt, pour ne pas dire plus. Parmi eux, l’opérateur SFR y verrait déjà l’opportunité d’ « une vitrine », sachant que les labels Territoire d’industrie et Région sont déjà accrochés au profil du projet.

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« Je m’occupe beaucoup des gens en difficulté… et ils me le rendent bien, ils m’aiment beaucoup »

« Quand je vois des familles qui ont des difficultés, je m’en occupe beaucoup… et les gens me le rendent bien, ils m’aiment beaucoup ». Libre à ceux qui le souhaitent l’idée de voir dans cette affection reconnaissante une nouvelle bonne raison pour que Jean-Jacques de Peretti ait envie de demeurer le maire de Sarlat, l’incidente s’est invitée sans prévenir. Alors qu’il soulignait spontanément qu’ « à Sarlat, 17% des gens (étaient) sous le seuil de pauvreté ». Leur situation les plongerait dans un désarroi plus visible, avec l’importance moindre de la famille, telle qu’elle existait pendant son premier mandat, « moins de solidarité entre les gens » aussi, en général –« quand, conjointement, ils ont besoin d’être ensemble ». Total : c’est à la porte du maire qu’on est, au fil du temps, de plus en plus venu toquer. « Je dois m’opposer aux services qui ont du mal à comprendre la réalité ».

« Garantir aux propriétaires que leurs loyers à l’année seront payés »

« On me dit que j’ai fait partir des habitants. En réalité, il manque 200 familles ». Bref, pour Jean-Jacques de Peretti, l’assertion venimeuse de ses concurrents mérite donc de savoir de quoi l’on parle vraiment. Pour contester la perte de 1 000 habitants, le maire sortant rappelle qu’ « il faut voir l’ensemble du territoire ». Alors, le millier envolé devient « 400 à 450 » personnes.  Reste qu’il ne s’agit pas de rester bras ballants. Sachant que si « la Ville a 800 locations saisonnières, elle n’a plus de logements à l’année ». Conclusion, pour regagner des habitants, il faut construire les logements qui manquent… tout en respectant le nouvel impératif du plan d’occupation des sols, qui impose « une baisse de 50% de la surface constructible » : de quoi établir que ce sera 200 unités –« des terrains ont été gelés ». Reste que le classement secteur sauvegardé constitue une autre difficulté : même si le candidat de Peretti rappelle « la réalisation de 45 logements sociaux à Sainte-Claire », on compte toujours dans le cœur historique « 45% de logements vides ». Aussi, Jean-Jacques de Peretti prévoit-il de poursuivre l’effort entamé, en ajoutant, pour rassurer les propriétaires, « un système qui garantit les loyers en assurance collective ». Pour regagner de la population maintenant, « la carte à jouer » est identifiée : « c’est le retour des métropolitains ». Un mouvement qui serait en train de s’amorcer. « Il y a même des médecins qui reviennent ».

« L’hôpital de Sarlat est incontournable »

« On va mettre les moyens pour attirer des praticiens et des généralistes, même si, pour ces derniers, Sarlat n’est pas trop mal loti ». Surtout, l’hôpital de Sarlat est, pour le candidat de Peretti, « incontournable » à plusieurs titres – à 60 km à la ronde, il est le seul dans sa catégorie ; l’activité touristique exige un service d’urgences. Le développement de la télémédecine est enclenché, avec la lecture des IRM et des scanners à Bordeaux. Mais « les moyens » envisagés doivent maintenant servir à aimanter des pointures. « À un moment, on venait de toute la France pour un professeur sarladais » -donc pourquoi se passer des recettes qui ont fait leurs preuves ? Conjointement, le candidat de Peretti soutient le centre de santé car, au regard du déficit (quand même) en généralistes, il « faut soulager » l’établissement Jean Leclaire. Reste que « la tarification à l’acte (T2A) nous tue. Pour les hôpitaux comme le nôtre, il faut revenir au budget global ».

LIRE AUSSI : Déviation de Beynac : les opposants révèlent « les chiffres qui ont convaincu la justice »

« J’ai dit au président du Département Germinal Peiro que la déviation de Sarlat était ma première priorité »

« On est sur cette 3e partie (après le barreau) de la déviation depuis 6 ans ». Le candidat Jean-Jacques de Peretti prévoit de demander « la dissociation » du rond-point qui pose des questions de sécurité. « J’ai dit au président du Département Germinal Peiro que la déviation de Sarlat était ma première priorité ». Dans le même temps -inévitablement, la passerelle se tend- il lui a aussi fait savoir que « ce qui (le) gênait dans (le contournement de) Beynac, c’(était) c’est la lisibilité dans la Dordogne ». Si Jean-Jacques de Peretti estime qu’ « on peut dire que Germinal Peiro n’aurait jamais dû faire ceci et cela… aujourd’hui, on ne peut pas fiche 27 M€ en l’air… Et puis la Voie Verte, qui est pratiquement réalisée, est pas mal… mais le jugement demande aussi sa démolition », il reconnaît ne pas avoir été toujours convaincu par le projet. « Au début, j’étais contre Beynac, puis j’ai été partagé. Maintenant… ». Le premier magistrat candidat à sa succession laisse sa phrase inachevée. S’il juge que « les piles du pont s’intègrent pas mal dans le paysage », il n’aurait pas envisagé le contournement tel qu’il l’a été. Surtout, « Beynac, c’est dans ma communauté de communes »… et bonjour l’ambiance. Même s’il glisse que le maire de Beynac Alain Passerieux « a aussi écrit qu’il était pour », un jour. Combien de temps encore l’atmosphère de la CCSPN va-t-elle être plombée ? « Je ne suis pas sûr que le recours (du Département) soit accepté mais le conseil d’État juge en droit, pas en fait ». La question qui pourrait encore intéresser la plus haute juridiction de France serait donc de « savoir si, en matière de droit, tout a été respecté. Or, la notion d’intérêt général n’est pas inscrite dans la loi ». Et que pense Jean-Jacques de Peretti de la colère des opposants qui dénoncent un gaspillage d’argent public ? « Les collectivités sont libres, il n’y a pas de règle ». Et quand les mêmes reprochent au président Peiro de s’entêter ? « Si le projet devait être retoqué, Germinal Peiro le reprendrait depuis le début. Tant que sa majorité suit… ». Et de faire le compte des conseillers départementaux de l’opposition. « Ils sont dix… ». Avant de revenir à Sarlat, pour pointer que les portes monumentales de l’église Sainte-Marie de l’architecte Jean Nouvel « ne touchent pas la pierre. C’est posé, pas collé… et donc on peut les retirer ».

« Le problème de Michel Kneblewski ? Un ego démesuré. Le choix de Sophie Colardeau-Trichet ? Du dépit »

« Michel Kneblewski a mis un peu plus de 5 ans pour dire qu’il se sentait mal dans l’équipe. Son problème, c’est qu’il a un ego démesuré ». Voilà pour le petit mot doux à l’adresse de son ancien adjoint aux sports et à la vie associative, qui, non seulement a démissionné en mars dernier, mais emmène une liste concurrente pour le scrutin 2020. Et, de peur d’avoir, à la réflexion fait trop court, en avant pour un complément : « C’était une erreur de casting. On m’avait dit qu’il allait foutre le bordel. Michel Kneblewski a une incapacité à trancher ». Ce n’est pas tout encore. L’adjoint démissionnaire aurait peu goûté d’apprendre qu’au cas où il ne repartait pas, le premier magistrat soutiendrait… un autre que lui. L’entrée dans la course de Michel Kneblewski comme opposant serait une mauvaise idée. En bref, les « effets collatéraux »… le candidat Kneblewski ne les aurait pas mesurés… alors qu’ils le concernent en premier chef. Quant au récent ralliement de l’adjointe à la petite enfance Sophie Colardeau-Trichet à la liste de Michel Kneblewski, il traduirait un « dépit ». C’est que celle-ci aurait manifesté son souhait de repartir avec Jean-Jacques de Peretti… « une fois la liste bouclée ». Toutefois, le maire « ne peut pas en dire trop de mal »… même s’il se souvient de ses « retards » aux conseils municipaux. En tout état de cause, il pense qu’ « elle (lui) en veut terriblement ».

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Toute ressemblance… serait purement fortuite

« Sarlat, c’est l’équilibre. Sarlat a toujours été le point d’ancrage et le refuge ». Jean-Jacques de Peretti revient du tournage de Ridley Scott. Enthousiaste. Admiratif. En 1977, le réalisateur avait signé le long-métrage Les duellistes, qui allait le propulser dans l’arène des Grands. Il revient à Sarlat pour une nouvelle épopée, Le dernier duel (The last duel). Non, non, prière de ne pas s’embarquer dans le jeu des correspondances.

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