
Le 10 décembre dernier, la cour d’appel administrative de Bordeaux a enterré le projet de déviation de Beynac, en enjoignant le Département de la Dordogne de démolir le chantier. Pas de quoi toutefois entamer la détermination de son président Germinal Peiro qui entend saisir le conseil d’État. Même si, conjointement, il envisage, de fait, l’impossibilité de ressusciter le fameux projet de contournement, en évoquant la litanie de difficultés que la démolition du chantier poserait. Total : l’association Sauvons la Vallée de la Dordogne (ASVD) et la SEPANSO 24, qui incarnent l’opposition au projet de déviation, réagissent.
« Le conseil d’État s’est déjà prononcé. Il ne peut pas revenir sur un arrêté qu’il a pris, d’autant que la situation n’a pas évolué depuis ». Ensuite, pour le président de l’association Sauvons la Vallée de la Dordogne (ASVD) Philippe d’Eaubonne, ce fameux arrêté du 28 décembre 2018 « a été confirmé deux fois par la justice administrative de Bordeaux».
Autrement dit, la page du projet de déviation de Beynac est bel et bien tournée… Aussi, la seule urgence qui vaille pour la collectivité est, insiste-t-il, de s’exécuter. Et de rappeler que « le Département a l’injonction de détruire les travaux réalisés ».
« Ce n’est pas le 15 janvier que les travaux de démolition doivent commencer… »
Au sujet de cette injonction à démolir le chantier, Philippe d’Eaubonne revient sur le délai que le Département est enjoint de respecter. « Ce n’est pas le 15 janvier que les travaux doivent commencer. Le 15 janvier est la date butoir pour la partie des ouvrages terrestres… ». En clair, le président de l’ASVD conteste des éléments parus dans Sud-Ouest samedi 04 janvier 2020. Avant de compléter le décryptage de la décision de justice. « Les parties immergées doivent être démolies dans les 12 mois à compter du jugement ».
« Pour le Département, il faut 14 M€ pour démolir le chantier; pour les opposants… 3,6 M€ »
C’est dans ce même article du quotidien régional que le président du Département Germinal Peiro évoque « une procédure » qu’il faudrait suivre pour engager la démolition. L’affaire ne tiendrait pas la route aux yeux de Philippe d’Eaubonne. « Le président Peiro cherche à gagner du temps…». Surtout, ASVD et SEPANSO 24 ne parviennent pas à comprendre pourquoi le président Peiro « reste sourd » à leurs propositions. C’est qu’entre l’estimation du coût de la démolition du chantier par le Département de la Dordogne et celle des opposants, il y a une marge : 14 M€ contre 3,6 M€. Opposants qui n’entendent donc pas être tenus responsables du gaspillage de l’argent public.
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« Il va falloir faire une étude pour les techniques de démolition ». C’est une autre déclaration de Germinal Peiro contre laquelle le président de l’ASVD s’inscrit en faux. « Les études sont réalisées et elles ont même été présentées à la cour administrative d’appel ». Contestation également radicale quand le président Peiro avance qu’ « Il faudra refaire une enquête environnementale ». Eh bien… non, affirme Philippe d’Eaubonne. « C’est faux ».
« Il y a une instruction de justice, les autorisations n’ont pas lieu d’être »
Quant aux « autorisations » qui seraient encore nécessaires pour le président Peiro, elles n’auraient « pas lieu d’être » selon l’opposant. Au motif qu’il s’agit d’ « une instruction de justice ».
Le seul chemin à suivre pour la collectivité est, poursuit le président de l’ASVD, « de faire un appel d’offres public par lots ». L’opposant spécifie d’ailleurs qu’en y procédant « dans des revues spécialisées », la collectivité s’assurerait « l’évitement de toute possibilité de transaction intermédiaire, qui alourdirait la facture ». Avant, sur ce chapitre, de conclure : « L’exécution de la remise en état n’a rien de difficile ».
Par ailleurs, « la route au pied de la Treille » paraît aux yeux des opposants symbolique de « la course de vitesse contre le droit » qui se serait engagée dans l’affaire de la déviation de Beynac, comme l’avait signalé un de leurs conseils Me Corinne Lepage à l’audience de la cour administrative d’appel du 26 novembre 2019. « L’arrêté du préfet de la Dordogne pour terminer la chaussée n’était pas nécessaire ». Aussi, les opposants avaient d’ailleurs demandé au représentant de l’État « de rouvrir l’ancien passage ». Une opération qu’ils estimaient « très facile et peu coûteuse ». Côté préfecture, la sécurité était invoquée. Sauf que « depuis l’ouverture de ce tronçon, il y a eu 7 accidents de la circulation ».
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« La route mise en service impossible à démolir ? Mais elle est un élément du chantier de la déviation ! »
Reste que Germinal Peiro a fait une autre déclaration. « La règle est que si (la route) est mise en service, on ne peut pas la démolir ». Là encore, l’ASVD et la SEPANSO montent au créneau. « Cette voie est partie intégrante du projet de déviation de Beynac… ».