
Le 27 juin 2018, à la demande du conseil municipal, il a accepté de s’asseoir dans le fauteuil de premier magistrat de la commune de Marsac-sur-l’Isle. L’alors 1er adjoint Alain Chastenet était d’accord pour prendre le relais de Jean-Marie Rigaut, que des raisons de santé contraignaient de se retirer après avoir été 17 ans en fonction… à une condition toutefois : on devait se mettre en tête qu’il prendrait les rênes dans la disposition d’esprit d’un « interi-maire ». Aujourd’hui, cet élu connu pour son engagement (notamment syndical et prudhommal) qui « se sent vraiment (lui)-même dans la cité où il est né » semble bien, bien tenté de demander aux électeurs qu’ils prolongent son contrat de maire, en mars prochain.
Alain Chastenet siégeait déjà à l’assemblée municipale de Marsac-sur-l’Isle, avant de devenir son premier adjoint. Au départ anticipé de Jean-Marie Rigaut fin juin 2018, celle-ci l’a naturellement choisi pour occuper la fonction du premier magistrat partant. Alain Chastenet avait accepté si et seulement si on voulait bien se souvenir qu’il avait pleinement conscience qu’il bouclait le mandat de son prédécesseur, qu’il restait un « intéri-maire ». Si l’homme est depuis longtemps réputé pour son engagement (notamment syndical et prudhommal), il ne se sentait pas d’être vu comme un véritable premier magistrat en occupant la fonction… pour dépanner. Reste qu’en endossant le costume de dépanneur, il s’est découvert une passion. A la tête des affaires de la Ville, l’enfant du pays « se sent (lui)-même ». De quoi s’attendre à ce qu’il entre dans la course des municipales. Mais, rompu aux arcanes de la vie publique, Alain Chastenet s’offrira le loisir de choisir le moment où il se déclarera.
« Non pas qu’il soit trop tôt, je ne vais pas me mettre à la langue de bois. Simplement, je continue de vouloir mener à bien les projets lancés durant la mandature. Même si depuis (NDLR que je suis devenu premier magistrat), j’ai été amené à évoluer dans ma réflexion, en particulier sur les liens entre les territoires, le travail de leurs collectivités et les élus ». En clair, en réservant l’annonce de sa décision, Alain Chastenet ne fait pas de manières. Il entend plutôt au moins faire savoir qu’il a pris toute la mesure des affaires de fusion de communes, de constitution d’intercommunalités, bref, qu’il prend terriblement au sérieux les relations de Marsac-sur-l’isle et du Grand Périgueux.
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« J’ai toujours voulu me montrer pragmatique ». Autrement dit, faire avec les lois Chevènement (1999) et suivantes, quoi qu’il en coûte. « Je persiste à chercher des convergences démocratiques ». Et, en effet, « ce n’est pas toujours facile ». Alain Chastenet ouvre la fenêtre située derrière son bureau : il a vue plein pot sur la zone commerciale Péri Ouest. « Là, il y avait des vaches dans des prés… ». Si aujourd’hui, c’est une forêt d’enseignes qui a poussé, y habite une population à la fois rurale et urbaine. Ensuite, qu’on s’éloigne de l’épicentre du Grand Périgueux (direction Vergt par exemple) et la campagne reprend la plus grosse part des droits. « Je me retrouve dans le travail de mise en cohérence du président Jacques Auzou ». En pratique, aux plans juridique, économique et financier, Alain Chastenet a le sentiment qu’il y a une volonté de former un tout. Pour autant, ce n’est pas saluer tout le résultat.
Faire tourner hier le Grand Périgueux… sans fondations explique aujourd’hui le choix de solutions de rattrapage
« Au Grand Périgueux, les décisions sont prises à la quasi-unanimité ». Le signe, pour Alain Chastenet, d’une préparation scrupuleuse des dossiers. « C’est positif ». Mais le maire de Marsac ne va pas taire non plus qu’il a manqué un préalable dans la construction du Grand Périgueux… et que la facture se paie toujours. « On a sauté l’étape de l’élaboration du schéma de cohérence territoriale (SCOT) pour se soucier de faire fonctionner le Grand Périgueux… ». C’est en effet s’occuper que le moteur tourne sans savoir où l’on veut conduire la voiture. Total : si l’on ignore comment aujourd’hui imaginer de nouvelles cohérences, il faut opter pour des arrangements, des solutions de rattrapage.
Pas question cependant de nier que, sans le Grand Périgueux, les budgets des communes ne viendraient pas à bout de nombre d’investissements. Ce qui revient à aussi à saluer la maîtrise, peu ou prou, de l’endettement de celles-ci et de leur fiscalité, à chacune. Pour illustrer cet avantage de poids, Alain Chastenet évoque ces cités rurales, qui peuvent bénéficier de la construction d’un gymnase.
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Même intention de rendre service à tous les types de population du territoire du Grand Périgueux en matière de déplacements -aujourd’hui, on parle de « mobilités » – : on cherche à ce que la Voie verte profite au maximum de personnes, on révise les horaires de circulation des transports en commun en cherchant toujours à satisfaire au mieux, on tente avec plus ou moins de bonheur d’équilibrer les lieux de développement économique, de positionner les points d’attraction touristique. « Toutes ces tensions vers des points de convergence, auxquelles le Département et la Région participent au demeurant, sont indéniablement des efforts louables ».
Sur le Grand Périgueux, la population plus critique
Mais ce n’est pas mal dire que tout dire. Or, il n’échappe pas à Alain Chastenet que la population est plus critique. Ainsi, les choix opérés en matière de navette ferroviaire, en matière de desserte du réseau Péribus (horaires, fréquence des passages) sont parfois assez mal ressentis pour qu’on vienne s’en plaindre au maire. Et ce n’est encore rien à côté des changements en matière de collecte des ordures ménagères. Sujet qui est néanmoins encore un cran en deçà du niveau de protestation de celui qu’il constate sur la question de la redynamisation de la zone Péri Ouest. C’est que l’histoire est passée bien vite, sans qu’on s’attache trop à la manière dont les faits se sont enchaînés. En tout état de cause, aujourd’hui, les propriétaires des lots commerciaux, « achetés une misère « , sont revendables au prix fort… sans qu’aucune obligation en matière de voirie notamment pèse sur leurs épaules. Or, le Grand Périgueux n’a pas compétence à réparer les nids de poule sur des accès privés. Mais comment la collectivité froncerait-elle les sourcils quand lesdits propriétaires apportent une part notable de ses recettes ? Le Grand Périgueux peut avoir les meilleures intentions du monde -et Alain Chastenet juge qu’il en a au moins de bonnes- c’est un colosse public dont les pieds restent entravés s’il veut continuer à servir les intérêts de sa population.
Alors, si Alain Chastenet veut y aller, il prendra sans doute le temps de faire état du contexte, avant tout.